Elles tournent la page

Ce mois-ci, le réseau des bibliothèques universitaires de Bordeaux va voir partir, pour une retraite bien méritée, deux grandes personnalités : Monique Dollin du Fresnel, directrice de la bibliothèque de Sciences Po Bordeaux, et Anne-Marie Bernard, directrice de la documentation de l’Université de Bordeaux.

Il était légitime de leur dédier un billet sur le blog pour faire un petit bilan de leur carrière et connaître leurs projets.

Rencontre.

Quelle est votre plus grande satisfaction durant ces années passées dans les bibliothèques universitaires ?

Anne-Marie Bernard : Résumer 13 années passées au sein du réseau universitaire bordelais n’est pas un exercice facile. Contribuer à poursuivre l’œuvre entamée par mes prédécesseurs en matière de services documentaires  me semble une fonction essentielle qui m’a beaucoup plu . Chacun sait que le réseau bordelais des bibliothèques de l’enseignement supérieur et de la recherche fonctionne bien et que les réalisations communes sont nombreuses . Le nouveau système d’information documentaire que le service de coopération documentaire est en train de déployer est un exemple parmi beaucoup d’autres.

Ce qui me réjouit tout particulièrement, c’est de voir le dynamisme de la coopération entre nos établissements demeurer. On ne peut effectivement nier la richesse des échanges entre les différents acteurs de la politique documentaire du site et plus largement avec nos collègues des services d’archives et des bibliothèques territoriales .

Monique Dollin du Fresnel : C’est d’avoir travaillé à la bibliothèque de Sciences Po Bordeaux où j’ai fait toute ma carrière. Cela peut paraître très exceptionnel de rester si longtemps au même endroit. C’est un fait, mais Sciences Po n’est pas un établissement comme les autres car la bibliothèque est au cœur même du bâtiment. Grâce à cette configuration, nous sommes en permanence en contact avec nos étudiants que nous finissons par bien connaître et dont certains continuent encore à nous donner de leurs nouvelles, même partis depuis longtemps. Cette proximité avec eux est extrêmement enrichissante et pour ma part complémentaire avec celle que m’ont offert tous les cours que j’y ai assuré depuis maintenant 38 ans.

Quel est votre regret s’il doit y en avoir un ?

Anne-Marie Bernard : Aucun regret.

Monique Dollin du Fresnel : Mes activités professionnelles ont été passionnantes, denses et riches. Je préfère dire que je n’ai pas de regret. Pour illustrer ce point de vue, j’emprunterai bien à Marcel Proust deux de ses titres. Plutôt qu’« A la recherche du temps perdu », je m’orienterai avec délice vers « Le Temps retrouvé » qui peut être celui de la retraite, ou mieux, de la « jubilacion » comme le disent si bien les Espagnols.

Quel est selon vous le futur des bibliothèques universitaires ?

Anne-Marie Bernard : Les bibliothèques universitaires évoluent régulièrement et sont en capacité de répondre aux attentes de la communauté académique et  plus largement à celles des habitants d’un territoire donné. La fréquentation est de plus en plus importante, les heures d’ouverture augmentent, les usages se diversifient . Les collections documentaires sont de plus en plus utilisées notamment grâce à la numérisation des collections patrimoniales. Les espaces nouveaux, type learning center, vont accompagner les restructurations de bibliothèques traditionnelles . Ce seront demain des campus très attractifs que nous proposerons , notamment à Bordeaux .

Monique Dollin du Fresnel : Je le vois dans deux directions par ailleurs complémentaires : d’une part un développement des supports avec un numérique de plus en plus présent, et d’autre part un accroissement du nombre de places de travail équipées dans les salles de lecture. C’est en tout cas une demande importante des utilisateurs de nos bibliothèques. Cependant je pense que le bon vieux livre imprimé a encore de beaux jours devant lui. Pour mémoire, on en est déjà au cinquième type de support numérique en une trentaine d’années, depuis les premières disquettes jusque maintenant aux clés USB et autres nuages et « clouds », sans parler des bandes magnétiques et des CD. Qu’en sera-t-il dans cent ans ? Nous ne serons plus là pour le voir, mais le livre sur support papier existe depuis presque six siècles et on n’a besoin d’aucun appareil pour le lire. On peut donc rester branché… sans prise de courant… C’est très rassurant.

Après des carrières bien remplies, quels sont les projets à venir (pour être indiscret et curieux) ?

Anne-Marie Bernard : Entamer une nouvelle tranche de vie où les loisirs seront beaucoup plus présents qu’aujourd’hui.

Monique Dollin du Fresnel : Je resterai toujours dans le monde du livre. Après les trois biographies que j’ai publiées ces dernières années, je viens de terminer l’écriture d’un thriller historique qui devrait sortir en librairie à la mi-octobre. C’est une aventure très différente que celle de gérer une bibliothèque. Si ce nouveau livre marche, je continuerai à écrire.  Mais j’ai aussi beaucoup de projets de voyages, de conférences et bien sûr…de lecture.

Dans quelle bibliothèque pourra-t-on vous croiser ?

Anne-Marie Bernard : Je pense que l’on me croisera autant  chez les libraires que dans les bibliothèques. Nous avons la chance d’avoir au sein de la métropole bordelaise un réseau de librairies d’exception. Profitons en !

Monique Dollin du Fresnel : On ne perd pas facilement l’habitude de fréquenter des bibliothèques. Il y a de fortes chances pour que je sois amenée à emprunter quelque ouvrage dans les BU et les médiathèques de l’agglomération bordelaise. Ce sera une activité dont je sais ne pas pouvoir me passer : A consommer sans modération.

Merci Anne-Marie et Monique d’avoir répondu à ces questions.

 


Crédit photo : Fabrice Zambau – Université de Bordeaux – Scoop