Oemi : pas sans famille !

Et dans la famille des entités du modèle Ifla-LRM nous demandons l’Expression ! Cette 6e journée professionnelle sur les métadonnées en bibliothèques qui s’est tenue le 3 décembre dernier avait donc pour objectif d’explorer et de mettre en lumière une entité « phare » du modèle LRM : l’expression.

Au travers d’exemples concrets, le début de la journée a permis d’appréhender l’importance de cette entité.

Christelle Gianolio de la Bibliothèque de la Cour internationale de Justice débute la journée en proposant une expérience possible de recherche par l’entité « Expression » et de test de visualisation par facette.

A partir d’une notice d’œuvre, la démonstration propose une navigation par facette par Expression de type « Texte (forme) » puis un « raffinement » possible par « Langue » pour enfin proposer aux usagers les items correspondants à la recherche.

La démonstration se poursuit pour une œuvre musicale, l’expression permet alors des facettes de type « Musique lue » ou « musique écrite ».

Pour des images animées, l’entité Expression pourrait alors proposer une facette « Noir et Blanc » ou « couleur ».

Enfin pour une œuvre de type jeu vidéo, l’Expression pourrait offrir une facette « plateforme » : par exemple PlayStation4, Xbox ou Windows.

Enfin il est également possible d’offrir des filtres sur la version de l’œuvre, c’est-à-dire sur une version abrégée  (pour les collégiens par exemple) ou encore sur une version adaptée pour les publics en situation de handicap visuel par exemple, dans ce cas nous aurions une facette  » public destinataire ».

Vous trouverez ci-dessous une liste d’exemples de catalogues dits « LRMisés ».

https://alkindi.ideo-cairo.org/

https://data.bnf.fr/

https://bm.mairie-vaulxenvelin.fr/

https://mediatheque.cnsmdp.fr/reseau/library/mhb

https://md-mediations.puy-de-dome.fr/catalogue

Joëlle Aernoudt de la société Electre, autre acteur majeur de la transition bibliographique, présente les avancées liées aux Expressions et plus précisément un retour d’expérience de création de notices d’œuvre et d’expression.

La société Electre participe à la Transition Bibliographique et suit les préconisations de la « TB » depuis 2010 en participant aux différents groupes de travail. Les notices dans la base Electre sont produites par des catalogueurs (6000 titres par mois) d’abord selon le modèle FRBR puis selon le modèle IFLA-LRM depuis son adoption. Le format des notices intègre toutes les nouveautés Unimarc. La base intègre un référentiel pour les auteurs ainsi qu’un référentiel pour les œuvres. Un chantier est en cours pour distinguer le niveau « Expression ». Leur expérience montre que même si une partie de ce chantier est faite par des algorithmes, une partie non négligeable doit être réalisée par un catalogueur. Les résultats de ces chantiers sont visibles au travers des facettes et de rebonds.

Enfin Nicolas Renoult, du Conservatoire de Paris Hector Berlioz, fait la présentation du catalogue de la bibliothèque https://mediatheque.cnsmdp.fr/reseau/library/mhb et note l’importance des expressions pour les œuvres musicales. Nicolas Renoult prouve par sa présentation que le modèle IFLA-LRM s’adapte parfaitement à tous les documents y compris pour des catalogues et des documents aussi spécialisés que sont les œuvres musicales.

Le retour d’expérience sur la migration vers un nouveau SIGB et le choix de départ de prendre un outil qui permette d’encoder les données suivant le modèle LRM ont été déterminants.

Le chantier a concerné la reprise de toutes les données pour les conformer au modèle. Pour le niveau « Œuvre » et « Expression », ce sont les titres uniformes qui ont servi de base.

Pour la musique, le niveau « Expression » est un pivot indispensable à la construction des données.

Côté Bnf, Jonathan Paul et Pascal Lefeuvre font la présentation des avancées de l’application professionnelle de la Bnf : Noemi  et plus particulièrement de l’articulation entre entités. Un des points positifs de cet outil interne est qu’il permet de visualiser le processus de catalogage d’un arbre OEMI (l’arbre agrégatif apparaît en direct sur l’écran de saisie).

La seconde partie de la matinée a permis de revenir sur la partie Normalisation.  Qu’est-ce que l’expression ?

Françoise Leresche (Responsable du Pôle Modélisation fonctionnelle à la BNF) présente l’Expression comme l’entité la plus récente et novatrice introduite par le modèle LRM permettant de décrire une ressource. Cette entité apparaît comme la moins « intuitive », c’est l’entité sur laquelle les professionnels se questionnent le plus.

Elle correspond au contenu des ressources décrites et rend compte de la façon dont une œuvre peut prendre forme (texte, musique, images fixes ou animées).

Pour Françoise Leresche « on ne connaît une œuvre qu’à travers son expression » ainsi une œuvre n’existe pas sans son expression et une expression n’existe pas sans une première manifestation. L’expression est une combinaison particulières de signes (textuels, musicaux etc.) destinés à transmettre un contenu intellectuel ou artistique : chaque œuvre est réalisée par la création d’Expression et reconnaissable selon la nature : des mots, des images ou des phrasés (musique).

Françoise Leresche souligne l’importance des attributs de l’expression c’est-à-dire sa forme (texte, musique images animées, la langue, la tonalité, la distribution d’exécution). Non définis dans LRM, d’autres attributs issus des codes de catalogage (RDA ou RDA-FR) existent également : la couleur, la notation, la technique de l’estampe. Ces attributs de l’expression considérés comme associés à une œuvre peuvent être relatifs à l’Expression mais ils peuvent être reliés directement à l’œuvre : ce sont les attributs de l’expression représentative, ils déterminent la grande catégorie d’œuvre (Sonate pour piano en …).

Les limites et contours de l’expression. Quels sont les critères pour définir des expressions distinctes d’une même œuvre ? Le texte noté ou la parole énoncée pour un livre lu définissent une nouvelle expression. La musique notée ou la musique exécutée déterminant une interprétation musicale qui définissent également une nouvelle expression.

Quelle frontière ? Quand considère-t-on une nouvelle œuvre ?

Il faut qu’il y ait eu un effort de re-création suffisant c’est à dire un degré significatif de recherche intellectuelle ou artistique particulière par rapport à l’œuvre source. Par exemple, une adaptation au théâtre ou en bande dessinée, une transposition d’une gravure à une peinture, une adaptation jeunesse ou une parodie.

Françoise Leresche revient également sur les relations existantes entre les expressions, notons ici les relations de dérivation comme par exemple est abrégé de, est une révision de

Les relations  « tout ou partie » comme A pour partie / Est partie de ou encore les relations d’agrégation : cité dans /cite  ou Est une sélection de / A pour sélection.

Un autre attribut concerne les agrégats d’une manifestation qui regroupent plusieurs Expressions de la même œuvre ou d’œuvres du même créateur ou de créateurs différents.

L’expression d’agrégation agrège les expressions de plusieurs œuvres. Une Expression d’agrégation dépouille les expression des œuvres contenues.

Pour finir Françoise Leresche revient sur les points d’accès autorisés représentant une expression.  Ils désignent et identifient de manière univoque une expression toujours fondée sur le point d’accès autorisé de l’œuvre et des éléments pour la rendre univoque (langue, date de l’expression, distribution d’exécution, mention de nom pour les traducteurs. Le point d’accès comprend aussi les relations (dérivation etc.)

Pour rappel, l’Unimarc A (autorité) sert de base aux notices d’autorités Œuvre et Expression.

Suite à une question de l’assistance, Françoise Leresche rappelle que les ressources continues et notamment les périodiques sont des œuvres agrégatives et ont un cadre spécifique (OEM seulement). Il y a recours à l’expression pour le dépouillement d’articles.

La suite de la journée permet de revenir sur l’application Bibliostratus : ce projet porté depuis 2018 par la Bnf et le réseau des bibliothèques municipales de Montpellier est mis à disposition des établissements pour préparer et aligner les données. Des données disparates (sources et méthodes de catalogage en dehors du format MARC, en bibliothèques territoriales principalement). Les intervenant rappellent alors qu’il faut « structurer tout ça ! » : l’alignement des données par Bibliostratus c’est trouver des notices d’agence pour les verser dans son système local avec des identifiants forts (ark, ppn ou idref). Etienne Cavalié réalise une démonstration de l’outil.

Ilhem Addoun de l’Abes présente également une enquête menée sur l’utilisation de l’application pour connaître les besoins autour de ce dernier. https://www.transition-bibliographique.fr/systemes-et-donnees/bibliostratus/

En fin de journée, un tour de table des membres de la Fulbi (Fédération des Utilisateurs de Logiciels pour Bibliothèques) a permis de présenter les relations tissées avec les différents prestataires et concepteurs de logiciels dans le contexte de la transition bibliographique.

En guise de conclusion Frédérique Joannic-Seta, BnF et David Aymonin, Abes, agences pilotes du programme Transition bibliographique font le point sur les possibilités ouvertes par l’Expression. Cette entité suffisamment fine et riche pour permettre de nouvelles expériences de navigation y compris pour des catalogues de spécialistes (par exemple pour la bibliothèque du conservatoire Berlioz). Ils appellent également à ce que les éditeurs de logiciels et les sociétés commerciales s’associent pour la création de nouvelles interfaces afin d’améliorer toujours et encore l’expérience « utilisateur » et rendant ainsi des services aux publics plus riches.

La captation de la journée et les supports de présentation sont disponibles sur le site Transition Bibliographique. https://www.transition-bibliographique.fr/

Rédacteurs : Aurélie Baque, Delphine Chadoin, Françoise Coulon, Valentin Fournier, François Lagarde, Isabelle Montantou, Isabelle Palais, Stella Pierrard et Françoise Pomian